Les opportunités offertes par la mise en place de la ZLECAf

    Après son entrée en vigueur en 2021, la phase pilote de mise en œuvre de la ZLECAf a été lancé dans 7 pays africains que sont le Cameroun, le Ghana, le Rwanda, le Kenya, Maurice, l’Egypte et la Tanzanie.

    La Zone de Libre Echange Continentale Africaine (ZLECAf) est un régime commercial préférentiel prévoyant le démantèlement progressif des tarifs douaniers sur les biens et services produits sur le continent, ou avec de la matière première provenant d’Afrique. Ce projet d’envergure a pour objectif de favoriser la libre-circulation des marchandises et donc stimuler les échanges intracontinentaux.

    Une mise en place progressive, au service du multilatéralisme africain

    Le Cameroun fait partie des pays engagés dans l’impulsion d’un marché africain libéralisé. Le 2 juillet 2023, le Port Autonome de Kribi, deuxième port le plus important du Cameroun, a accueilli sa première cargaison sous le régime de la ZLECAf, en provenance de Tunisie. Le Cameroun avait déjà en fin 2022 lancé une première vague d’exportation de marchandises sous ce régime.

    Le processus de démantèlement des tarifs douaniers a été entamé dans le pays, en alignement avec le schéma adopté par les autorités artisanes de la ZLECAf : afin d’assurer la bonne transition vers la libéralisation du marché, la réduction à zéro des tarifs douaniers se fera progressivement sur 13 ans. Les 10 premières années concerneront 90% des produits identifiés par les autorités, 7% des produits sur les années restantes. Certains produits dits « sensibles » (3%) seront exclus de la libéralisation afin de préserver les filières locales de la concurrence accrue.

    Une initiative ambitieuse, porteuse d’opportunités pour les entreprises du monde entier

    Rassemblant 54 Etats signataires sur les 55 Etats du continent, la ZLECAf poursuit l’ambition de constituer la plus grande zone de libre-échange au monde, représentant un marché de 1,3 milliards de consommateurs.

    Le premier objectif affiché est de booster les échanges intra-africains. « Le commerce intra-africain ne représente actuellement que 15 % du commerce total du continent, contre 58 % en Asie et 67 % en Europe » (source : ONU). La Banque Mondiale estime que la mise en place de la ZLECAf devrait permettre d’augmenter le volume des échanges intra-africains à hauteur de 52,3% d’ici à 2025 ainsi que les revenus de l’Afrique et du reste du monde.

    Les observations de l’Union Africaine sur la ZLECAf laissent présager des opportunités sectorielles pour les entreprises du monde entier. En effet, l’institution artisane de la ZLECAf a formulé des recommandations pour garantir la bonne mise en œuvre de cette initiative et atteindre effectivement les projections annoncées.

    Selon l’Union Africaine, des investissements massifs seront nécessaires dans de nombreux secteurs des économies africaines.

    Le premier et principal besoin annoncé est pour l’investissement dans l’amélioration des infrastructures du continent. Un besoin de financement identifié entre 130 et 170 milliards de dollars par an (source : UA) pour lequel l’Union Africaine appelle les gouvernements à privilégier les partenariats avec le secteur privé et le transfert de technologies à l’échelle mondiale pour moderniser les infrastructures.

    Sur le plan sectoriel, des opportunités ont été identifiées notamment dans l’industrie manufacturière, secteur encore trop peu contributeur au PIB de l’Afrique mais dont les prévisions de croissance ont triplé à la suite de l’implémentation de la ZLECAf.

    L’Union Africaine a particulièrement insisté sur la priorité de développer certaines industries sectorielles comme l’agro-transformation, la fabrication de produits pharmaceutiques, les technologies vertes et la transformation des minéraux.

    Enfin, une attention particulière a été portée sur le commerce numérique et toutes technologies qui révolutionnent la manière de faire des affaires aujourd’hui. Les solutions fintech, l’argent mobile et autres outils numériques pour le commerce se développent rapidement sur le continent et nécessitent davantage d’investissement et d’innovation.

    Diarra CISSE

    Sources :